Il est impossible de concevoir une bibliothèque de livres sur l'Algérie ne comprenant pas les ANNALES ALGÉRIENNES. Cependant j'ai du faire preuve d'une grande obstination pour enfin pouvoir les lire et vous les présenter en mode texte. La Bibliothèque de France met en ligne la seconde édition (1845), mais le deuxième tome comporte un « bug ! » puisqu'après la page 90, nous constatons que les pages suivantes parlent d'ophtalmologie. Madame Anne-Marie Belkaid, la talentueuse Webmaster du site :
http://vieilalger.free.fr/vieilalger/index.php
a bien voulu me confier un exemplaire de la première édition (1836) si bien que, grâce à son extrême amabilité, je suis fier de vous présenter les DEUX ÉDITIONS… ce qui n'est pas inutile pour trois raisons : 1° La deuxième édition, compote naturellement en plus les faits qui se sont déroulés de 1839 à 1854 ; 2° On peut constater que les mêmes faits (de 1830 à 1839) ne sont pas relatés de la même façon dans les deux éditions ! Les descriptions des personnages surtout sont souvent différentes. Dans la première édition, c'est l'officier des bureaux arabes qui parle, le ton est direct et sans complaisance et quelquefois sans pitié ! La seconde édition est rédigée, certes par le même auteur, mais qui est devenu entre temps Consul Général à Bagdad et cette fonction nécessite plus de réserve et de retenue ! 3°, comme l'explique l'auteur, « J'ai supprimé dans la seconde édition, des pièces n'ayant qu'un intérêt temporaire, relatif à la polémique du moment, serait sans importance dans celle-ci. » C'est l'opinion de l'auteur à cette époque, mais nous avons le droit d'être d'un avis différent 150 ans après !
L'auteur : Pellissier de Reynaud (Henri-Jean-François-Edmond), historien algérien, né vers 1800, entra sous la Restauration à l'école de Saint-Cyr et fut attaché, comme officier d'état-major général, à l'expédition d'Alger. Chef du bureau arabe de cette ville de 1833 à 1835, il remplit ensuite le poste de consul de France à Malte et celui de chargé d'affaires à Tripoli. En 1852, il fut nommé consul général à Bagdad. On a de lui : Annales algériennes (1836-1839, 3 vol. in-8°) dont il fit paraître en 1854, une nouvelle édition continuée jusqu'à la chute d'Abd-el-Kader ; c'est un des ouvrages les plus importants sur l'histoire des quinze premières années de la conquête. Mémoires historiques et géographiques (1845, in-8°), faisant partie de l' Exploration scientifique de l'Algérie , publication à laquelle l'auteur a pris une part très active et où il a inséré aussi sa traduction d'une Histoire d'Afrique arabe , en ligne sur ce site (1845, in-8°) ; Description de la régence de Tunis (1853, in-8'), etc. Il est mort à Paris le 16 mai 1858.
Surtout ne pas confondre Pellissier de Reynaud, auteur de ces Annales avec Pélissier (Amable Jean-Jacques), duc de Malakoff, auteur des « enfumades du Dahra », qui en cette triste occasion « fit preuve d'un rare talent et d'une très grande énergie. (NARCISSE FAUCON) » pour supprimer 500 personnes homme, femmes, enfants, vieillards, « qui n'égorgeront plus les Français. (Saint-Arnaud) ».
La première édition : « Lorsque je commençai, en 1836, la publication des Annales Algériennes , mon intention était d'en faire une sorte de revue annuelle ou bisannuelle, divisée en deux parties, l'une purement historique, l'autre composée d'articles et documents détachés relatifs aux questions pendantes à l'apparition de chaque volume. L'ouvrage se poursuivit sous cette forme jusqu'en 1839. Mais des circonstances sans intérêt pour le lecteur et que, par conséquent, je dois passer sous silence, m'ayant depuis empêché de continuer cette publication, je me bornai, dans les années suivantes, à faire provision de matériaux, afin d'être en mesure de la reprendre plus tard. » « Plusieurs ouvrages ont été publiés sur l'Algérie depuis la première édition des Annales Algériennes, qui y ont été largement mises à contribution. Je ne m'en plains pas ; cependant je dois rappeler à ceux qui, venant à lire mon livre après avoir lu une Histoire de l'Algérie ancienne et moderne, imprimée avec luxe et ornée de gravures, reconnaîtraient des pages entières qui leur auraient déjà passé sous les yeux, que ce n'est pas moi qui suis l'emprunteur : ces passages sont textuellement pris dans ma première édition. Cette manière d'écrire est assurément commode pour ceux qui l'emploient ; mais j'avoue que j'aime mieux en subir qu'en faire l'application. »
Deuxième édition : « De 1839 à 1854, la première édition s'est épuisée, de sorte que depuis plusieurs années elle n'est plus dans le commerce. Dans cet état de choses, au lieu d'ajouter un ou deux volumes à cette première publication, je me suis déterminé pour une nouvelle édition des Annales Algériennes, en les continuant jusqu'à la chute d'Abd-el-Kader. Seulement, j'ai mis à la suite des Annales, qui s'arrêtent en 1847, un appendice qui mettra parfaitement le lecteur au courant des affaires de l'Algérie, depuis la chute du célèbre Émir, et lui en fera connaître la situation exacte en 1854. Cet appendice contient en outre trois mémoires sur les mśurs, les institutions sociales, la religion des habitants du nord de l'Afrique, et sur les causes qui firent disparaître le Christianisme de cette contrée.
J'ai habité l'Algérie, à peu près sans interruption, depuis 1830 jusqu'en 1842, soit comme officier d'état-major, soit comme directeur des affaires arabes, soit comme membre de la Commission scientifique créée en 1839. Depuis, j'y ai fait de fréquents voyages et n'en ai jamais été fort éloigné, ayant rempli des fonctions consulaires dans la Régence de Tunis et à Tripoli ; enfin, j'y ai entretenu jusqu'à présent de bonnes et nombreuses relations et y ai toujours eu plusieurs membres de ma famille. J'ai donc été en position de voir et d'apprendre beaucoup de choses. »

 

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