LES EPICES EN FRANCE AU MOYEN AGE

(D'après « Les voyages de découvertes » - Ch. A. JULIEN. P.U.F. 1948)

Cette carte indique les sources lointaines du commerce des épices et les routes continentales et maritimes qu'il empruntait.

Cependant l'importance de ce trafic appelle quelques précisions. Dès la fin du VIIème siècle, des marchands byzantins avaient introduit les épices en France où elles étaient très recherchées pour la cuisine et la pharmacie. Parmi les principales, on peut citer les cinq « drogues royales » : le poivre noir de Malabar et de Ceylan, utilisé comme condiment, pour la conservation des viandes et la confection des cataplasmes ; la noix muscade des Moluques et le gingembre d'Inde ou d'Arabie pour relever les sauces et soigner les maux d'estomac, la cannelle de Chine et de Ceylan, comme stimulant et astringent, le clou de girofle qui entrait dans « nombre de mets et de boissons aromatiques ».

Comme la thérapeutique usait largement de la saignée, du clystère et de la purgation, « on purgeait les patients avec de la casse d'Égypte ou d'Inde, de la manne de Perse, du myrobolan d'Inde et, pour les solutions énergiques, de la scammonée de Syrie ». (A. JULIEN).

De nos jours, en Afrique du Nord, les épices sont très employées, comme les « sept parfums » (seba’ bekhoûrât) coriandre sèche, mastic de Chio, benjoin, bois d'aloès, poivre gris et rouge, et lavande (DESPARMET).

Alors que Marseille et la Provence n'étaient pas encore rattachées à la Couronne de France, c'est par les anciens ports languedociens que s'effectuaient les importations d'épices. Montpellier, marché des épices, connut une grande prospérité au Moyen Age.

Trois corporations y vivaient du commerce des épices Les « poivriers souverains », sortes de grossistes qui pratiquaient l'importation ; les « poivriers du marché » ou détaillants et enfin les « épiciers-apothicaires » qui exécutaient les « recettes » des médecins, préparaient des sirops et des confitures.

Nous leurs devons sans doute ces gros bocaux aux formes étranges qui ornent encore les vitrines de certaines pharmacies et dans lesquels les sirops étaient exposés à la des clients.